Au début des années 1970 il n'existait pas d'écran pour visualiser des images en pixels, les travaux par ordinateurs s'exprimaient en général au moyen de graphisme noir et blanc souvent réalisés sur table traçante. En 1969 Hervé Huitric, sortant des Beaux-Arts, entre au département d'informatique de la nouvelle université de VINCENNES (PARIS 8 actuellement) où le seul ordinateur utilisé par tout le département était un CAE 510 de 8K de mémoire et démarrait assez aléatoirement avec des compilateurs sur bande qu'il fallait aider d' un coup de pied adéquat. Il se programmait en algol. Cel n'empêcha pas Hervé Huitric d'initier un cours d'Art et Informatique, le premier de ce genre en France, en 1970. Un groupe se forma  à l'Université: le GAIV, Groupe d'Art et Informatique de Vincennes où purent se rejoindre des plasticiens, des musiciens et des informaticiens. La revue Artinfo-Musinfo réalisée au département d'informatique de 1971 à 1980 rassemble diverses propositions du groupe.
carré bleu à la main 1972, 1,38m x 1,18m collection particulière du docteur Jacques A.
Couleur: le travail de la couleur est sans doute ce qui nous distingue le plus de la plupart des travaux d'inspiration constructiviste analogues de cette époque. Peut-être parce que les différentes solutions techniques de l'époque permettaient surtout le traçage de traits, une coloration en aplat de quelques couleurs, par exemple celles des encres de table traçante, sans doute aussi parce que l'expression de "l'algorithmique" sous forme de graphique noir et blanc était plus prégnante, plus perceptible. Même au sein du Groupe d'Art et d'Informatique de Vincenne, le mode d'utilisation de la couleur était celui d'une palette. Les travaux de Chevreul, la peinture de Seurat qu'il admirait profondément, faisaient qu'Hervé Huitric souhaitait retrouver au sein de ce nouvel environnement une couleur riche de toutes ses potentialités, c'est ainsi que nous avons été conduits à traiter le "point" coloré de façon primaire comme un "pixel" dont nous espérions que la fusion produirait une couleur quelconque du cercle chromatique.
Nous avons ensuite conçu deux autres procédés plus efficaces, en fonction des outils dont nous pouvions disposer: la méthode des pochoirs grâce aux cartes perforées de l'époque, puis la construction automatique de typons de sérigraphie en utilisant une table traçante. Ces différentes réalisations sont basées sur le même principe algorithmique, dans des conditions très différentes d'ordinateurs, de langage, de périphériques, et avec des rendus également différents. Réalisations et méthodes sont détaillées dans les trois paragraphes de ce chapitre "avant l'écran".
Sans écran, il fallait trouver un moyen de rendre des couleurs.
Les premières images ont été réalisées en imprimant un codage défini par une suite de lettres par exemple R pour Rouge, B pour Bleu etc.. C'était un travail très long et fastidieux; il fallait peindre des milliers de petits carreaux colorés. L'image ci-dessus est construite avec 49 pages de listing couvertes de lettres peintes ensuite à la main, plus de 100.000 points...(ref. Morellet)
images calculées par ordinateur sans écran de visualisation