1990 Découverte du réalisme, modèle numérique

En 1990 nous découvrons qu'un remarquable système d'acquisition laser développé au C.N.R.C d'Ottawa,Canada permettait d'acquérir une digitalisation de visages réels à la fois en géométrie et en données de brillance. Notre programme Rodin s'adaptant facilement à cet ensemble de données, nous pûmes faire rapidement une première expérience de rendu. Alors quelle émotion! Après toutes nos tentatives pour construire du réalisme par diverses procédures algorithmiques: le grain de peau, les rides, la modélisation., tout à coup surgit un visage d'un réalisme bouleversant. Restait à développer et explorer ce nouvel espace peu réductible en apparence aux procédés d'animation faciale de l'époque.

Synthétisées à partir des acquisitions réalisées au C.N.R.C , ces image figurent dans le film "masques et bergamasques", démontrant une première animation de ces bases de données.

Un problème qui sera mieux résolu ultérieurement fût celui des yeux: l'acquisition laser ne permettait pas d'ouvrir les yeux, et bien sur, un autre problème était celui de l'animation de telles bases de données, ne serait-ce qu'ouvrir la bouche. En attendant d'y arriver, nous avons réalisé avec le C.N.R.C une série d'acquisitions d'expressions et de parole de ce même visage. Grâce au professionnalisme de notre modèle, car il fallait rester absolument immobile pendant les longues secondes de la saisie,nous avons rassemblé une riche, mais aussi très lourde, documentation de mouvements du visage, incluant des mouvements de peau et de rides, ainsi que des digitalisations de corps.

Après vingt années de développements de synthèse ex nihilo, il devenait passionnant de mesurer l'impact de nouveaux instruments du virtuel: La synthèse pouvait désormais, à l'instar de la peinture, se servir du modèle réel, tenter de le copier ou de s'en saisir pour créer de nouveaux effets. Il nous a semblé que le traitement à apporter à une masse de données analogiques était un des problèmes essentiels. La même démarche se poursuivra avec les captures de mouvements, et reste peut être encore d'actualité. Car on peut imaginer d'utiliser toutes les données pour copier le réel comme une photographie, chercher des techniques de modélisation et déformation appropriées, mais on peut aussi imaginer d'extraire de l'ensemble des données analogiques quelles qu'elles soient, des informations de "sens" grâce auxquelles on atteindrait des possibilités de générations d'acteurs virtuels plus personnalisés. Pour tenter de réaliser le maximum d'expériences, nous fîmes l'acquisition dans notre laboratoire d'un système de digitalisation laser alors commercialisable: le cyberware.